Budget 2019 : Le gouvernement forcé d’investir dans le personnel, mais continue de faire augmenter le manque à gagner

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Face à l’ampleur de la crise du réseau de la santé et des services sociaux, le gouvernement Legault est forcé de répondre en partie aux demandes de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN). Mais comme il refuse de s’attaquer à la rémunération médicale et aux médicaments, il porte à 9 milliards de dollars le manque à gagner des établissements du réseau depuis 2013-2014. Il annonce de plus le retour à l’austérité dès l’an prochain.

Le gouvernement forcé de répondre aux demandes de la FSSS-CSN

La FSSS-CSN a soumis 3 mesures à inscrire au budget 2019 pour mettre fin à la détresse du personnel du réseau. Le gouvernement Legault répond partiellement à ces 3 mesures. L’ampleur de la crise et les interventions répétées de la FSSS-CSN ont forcé le gouvernement à agir. Si le gouvernement investit des sommes qui aideront à donner l’air au personnel, une grande question demeure : comment s’y prendra-t-il ?

Pour la FSSS-CSN, le gouvernement doit maintenant miser sur des initiatives qui permettront d’attirer et de retenir le personnel dans le secteur public : amélioration des conditions de travail et salariales, formation à l’embauche et formation continue rémunérées, mesures de conciliation travail-famille-études, stabilisation des équipes, fin du recours au temps supplémentaire obligatoire, rehaussement de postes, etc. La FSSS-CSN s’inquiète que le gouvernement profite plutôt de l’occasion pour accentuer le recours au privé, que ce soit dans le soutien à domicile ou encore avec les maisons des aîné-es. Le gouvernement doit intégrer ce projet de maisons des aîné-es dans le secteur public, aussi bien pour la gestion pour que la prestation de services.

Demandes de la FSSS-CSN pour le budget 2019 :

  • Un montant de 500 millions de dollars pour l’embauche et l’amélioration des conditions de travail des préposé-es aux bénéficiaires ;
  • Un ajout immédiat de 500 millions de dollars dédiés à des mesures d’attraction et de rétention du personnel ;
  • Un financement récurrent de 500 millions de dollars en soins à domicile pour augmenter le personnel des CLSC et répondre aux besoins grandissants de la population.

Le gouvernement Legault annonce :

  • 15 millions de dollars récurrents à compter de 2019-2020 pour former de nouveaux préposé(e)s aux bénéficiaires (PAB)
  • 70 millions récurrents pour 900 places d’hébergement de longue durée
  • L’embauche de PAB et de personnel, ce qui permettra de réduire la surcharge de travail
  • 280 millions de dollars pour le soutien à domicile
  • 10 millions pour la première ligne en CLSC
  • 200 millions pour l’amélioration des services, notamment par l’ajout de personnel en CLSC, CH et CHSLD, pour améliorer les conditions de travail et ajouter des effectifs
  • 18 millions pour la mission jeunesse
  • 40 millions récurrents pour la consolidation des infirmières praticiennes spécialisées

« Si nous voulons vraiment maîtriser notre avenir, les investissements annoncés par le gouvernement Legault doivent servir à mettre en place des solutions dans le réseau public. Le gouvernement reconnaît l’essoufflement du personnel et l’échec de la réforme Barrette. Il faut maintenant s’assurer que les traitements nécessaires pour sauver le réseau sont les bons », explique Jeff Begley, président de la FSSS-CSN.

Le manque à gagner depuis 2013-2014 se chiffre maintenant à 9 milliards

Le gouvernement hausse de 5,9 % les investissements en santé et services sociaux. Mais comme la rémunération médicale coûte maintenant près de 8 milliards de dollars et que le financement des établissements privés augmente de 6 %, la hausse réelle est de seulement 4 % pour les établissements publics du réseau. Cela est en deçà des besoins réels qui sont de 5,2 % par année, ce qui a pour conséquence d’augmenter de 1,5 milliard de dollars le manque à gagner cette année par rapport à 2013-2014.

« Le gouvernement avait promis de remettre de l’ordre dans la rémunération médicale. On a beau chercher, il n’y pas de trace du 1 milliard promis par le gouvernement dans le budget. Il faut revoir le mode de rémunération des médecins et instaurer une assurance médicaments 100 % publique pour assurer le financement adéquat de notre réseau public », poursuit Jeff Begley.

L’austérité au programme dès l’an prochain

Le gouvernement nous annonce un retour ferme à l’austérité dès l’année prochaine avec un taux de croissance des investissements en santé et services sociaux de 4,1 %.

« On a un an pour convaincre le gouvernement de ne pas faire rejouer le mauvais film de l’austérité envers le personnel du réseau et les usagères et usagers », de conclure Jeff Begley.


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