Protection des travailleuses de la santé contre la COVID

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Le gouvernement au bord de la négligence criminelle.

Selon une étude de l’INSPQ le quart des personnes infectées par la COVID au Québec sont des travailleuses et travailleurs de la santé :

Entre le 1er mars et le 14 juin 2020, 13 581 travailleurs de la santé ont été atteints de COVID-19 confirmée, ce qui représente le quart des cas rapportés au Québec lors de la première vague de COVID-19. Onze de ces travailleurs de la santé (0,08 %) en sont décédés. Leur risque de contracter la COVID-19 a été environ 10 fois plus élevé que celui estimé dans le reste de la population.

Ainsi donc, l’INSPQ confirme que pour le personnel de la santé, le risque de contracter la COVID est 10 fois plus élevé que dans la population.  C’est très grave.

Et avec de tels chiffres, le gouvernement se considère comme étant un bon gestionnaire du réseau pendant cette crise !

Mais… le gouvernement a une défense; « personne ne pouvait savoir », cette pandémie « a pris tout le monde par surprise » .  Vraiment !  

Et pourtant…

Dès 1999, l’Organisation mondiale de la Santé OMS publiait les premières normes de prévention et de gestion de pandémie[1].  

En 2002, une épidémie de syndrome respiratoire aigu sévère, le SARS-CoV, infecte 8096 personnes et fait 774 morts dans 29 pays.

En réaction à cette épidémie l’OMS publie en 2005 un plan : WHO global influenza preparedness plan[2].

En 2006, le MSSS du Québec publie le Plan québécois de lutte à une pandémie d’influenza en s’appuyant sur les normes de l’OMS[3].

D’avril 2009 à août 2010, une pandémie de grippe A (H1N1) infecte entre 700millions et 1,9 milliard de personnes et fait entre 151 700 et 575 400 morts à l’échelle internationale.

En 2013, suite à la crise de la H1N1, l’OMS met à jour les normes dans un document intitulé Pandemic Influenza Risk Management WHO Interim Guidance[4].

En 2017, l’OMS publie, pour tous les pays, un Guide pour prise de décisions éclairées et harmonisation, à l’échelle nationale et internationale[5].

Depuis 2006, les gouvernements successifs du Québec n’ont jamais mis en œuvre les recommandations de l’OMS, ni les révisions de 2009, 2013 et 2017.

La crise nous prend par surprise….

En décembre 2019 le virus est détecté en Chine. Le séquençage de son ADN est partagé publiquement par les chinois dès le 10 janvier 2020.

Le 22 janvier 2020, l’OMS indique pour la première fois que les personnes âgées avec comorbidités sont les plus vulnérables au nouveau coronavirus.

Le 26 janvier 2020, un premier cas du nouveau coronavirus est identifié au Canada.

Le 30 janvier 2020, l’OMS déclare que le nouveau coronavirus constitue une urgence sanitaire mondiale.

Le 5 février 2020, le directeur général de l’OMS, déclare que la communauté internationale dispose d’une fenêtre d’opportunité pour agir rapidement et éviter une pandémie de nouveau coronavirus.

Le 28 février 2020, un premier cas suspecté de COVID-19 est annoncé au Québec.

Pendant ce temps, au Québec, le gouvernement ne bouge pas.  Il aurait dû, car le plan du MSSS de 2006 faisait état d’un scénario où une grippe pandémique au Québec pourrait infecter 2.6 millions de personnes, nécessiter 34 000 hospitalisations et causer 8500 décès, tout en générant une pénurie de personnel liée à un taux d’absentéisme de 30 à 35% des employés du système de santé (voir note #3).

Malgré cela, entre le 6 janvier et le 11 mars, le gouvernement n’active aucune mesure de son plan de 2006.  

Ensuite, nous assisterons à une improvisation catastrophique avec les décrets permettant forcer les employés à travailler partout, sans les avoir testés, sans leur fournir de masques N-95 etc…. Il a fallu des mois de pression syndicale pour faire cesser les déplacements de personnel.  Les décrets ont été une réponse de ceux qui ne savaient pas quoi faire, au moins ils avaient l’air d’agir!

Ces mesures improvisées ont contribué à répandre la pandémie au sien même du réseau de santé.  Il y en a présentement, en date du 22 décembre environ 7200 employé-es du réseau qui sont contaminés et Le Devoir[6] prévoit que nous atteindrons bientôt le chiffre de 30,000 employé-es de la santé infectés à la COVID.

La politique du gouvernement a fait du Québec un des pires endroits au monde pour ce qui est de la contamination des ainés et du personnel de la santé.  

Pour vaincre la pandémie nous avons besoin :

  1. Que tous et toutes les employé-es qui travaillent dans une zone jaune ou rouge aient le masque N95 en plus des gants, d’une blouse et d’une visière
  2. Que les masques N-95 soient disponibles en quantité suffisante, et ce, en tout temps
  3. que chaque travailleur et travailleuse de la santé soit testé une fois par semaine. 

Et, afin de stabiliser les équipes de travail

  • tous les postes de PAB (tous les sites)sont transformés en postes à temps plein sur une base volontaire.
  • pour tous les titres d’emplois de la catégorie 2 et 3, aucun poste en rotation et tous les postes sur une seule unité/site

Nous reviendrons sous peu sur d’autres type de mesures que le gouvernement devrait mettre en place pour que le Québec se donne les outils pour lutter contre la pandémie.  

Exécutif syndical SECUSM-CSN

[1] https://apps.who.int/iris/handle/10665/66155?locale-attribute=en&

[2] https://apps.who.int/iris/handle/10665/68998

[3] https://publications.msss.gouv.qc.ca/msss/fichiers/2005/05-235-05f.pdf

[4] https://www.who.int/influenza/preparedness/pandemic/influenza_risk_management/en/

[5] https://apps.who.int/iris/handle/10665/272667

[6] https://www.ledevoir.com/societe/sante/591993/pres-de-30-000-cas-parmi-les-employes-du-reseau


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