Éclosion de COVID en plein hôpital

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Où les conséquences de politiques déficientes, d’un manque de prévention et de matériel

Le 4 novembre, la Gazette rapporte qu’une éclosion aurait commencé mardi le 2 novembre au 15ième étage de l’Hôpital Général de Montréal (HGM).  Nos informations sont à l’effet qu’elle aurait plutôt commencé le mercredi 28 octobre, soit 6 jours plus tôt.  En date d’aujourd’hui il y a au moins 4 patients et 2 employés du 15ième étage et 3 superviseurs de l’HGM seraient infectés.

Que s’est-il passé entre 28 octobre et le 2 novembre?  Aucun employé n’a été testé avant le 2 novembre.  Les employé-es, les PAB entre autres, ont continuer à travailler, à faire la rotation, travaillant au 15ièem étage, au 17ième, au 4ième et possiblement ailleurs.

Lundi le 2 novembre plus de 12 personnes qui ont été en contact avec les personnes infectées ont été testées et la Direction leur a dit de continuer à se présenter au travail les jours suivants… à moins qu’ils ressentent des symptômes.  C’est inacceptable, d’ailleurs, dès le lendemain une employée a été informée à la fin de son quart qu’elle était positive à la COVID.  

Il semble que tous les superviseurs de l’entretien ménager de cet hôpital ont été envoyés en isolation à la maison et qu’ils sont remplacés par des superviseurs du Glen.

C’est grave, parce que ce n’est pas la première éclosion de COVID à cet endroit, sauf erreur, ce serait la troisième.  

Alors, on a appris quoi au juste en termes de prévention depuis le début de cette pandémie?

  1. On continue de ne pas tester systématiquement les travailleurs de la santé
  2. On continue de faire la rotation des équipes de travail, des quarts de travail  et des lieux de travail, ce qui complexifie à l’extrême le travail de la Santé Publique qui doit retracer les contacts effectués sur plusieurs jours, dans plusieurs unités de soins.
  3. On continue de jouer à la roulette russe disant à des personnes qui ont eu des contacts avec des personnes infectées, de venir travailler si elles n’ont pas de symptômes.  Inacceptable, quand on sait qu’il y a des personnes asymptomatiques et, faut-il le rappeler, les personnes asymptomatiques peuvent être contagieuses
  4. On ne fournit toujours pas de masques N-95 dans les zones jaunes et chaudes
  5. Les autorités continuent de prétendre que seuls les médecins, les infirmières et possiblement les pab s’approchent assez près des patients pour avoir besoin des N-95 même si on constate, encore une fois,  que le personnel et les cadres des autres titres d’emploi, notamment de l’entretien ménager sont infectés

Ça ne va pas du tout.  Nous le syndicat, avons demandé dès le 1 avril que TOUS LES EMPLOYÉS de la santé soient testés une fois par semaine pour éviter le plus possible d’avoir des employés contaminés et asymptomatiques qui contaminent collègues et patients.  

Nous avons réussi à convaincre la direction du CUSM, dès le début avril, qu’en ce qui concerne le CHSLD Camille-Lefebvre le CUSM ne doit pas se servir des décrets ministériels leur permettant de déplacer les employés n’importe où et n’importe comment. 

La Direction nous a donné raison et la rotation et les mouvements de personnels ont cessé à Camille-Lefebvre.  AUCUNE infection n’a eu lieu dans ce CHSLD durant la première vague.  Cette suggestion du syndicat devrait s’appliquer partout.

Un virage radical et urgent

Le gouvernement et la Direction du CUSM doivent, de façon urgente, prendre un virage radical dans la gestion de cette pandémie.  Nous demandons d’appliquer les mesures suivantes au CUSM:

  1. Que tous et toutes les employé-es passent le test d’étanchéité pour le N-95
  2. Que tous et toutes les employé-es qui travaillent dans une zone jaune ou rouge aient le masque N95 en plus des gants, d’une blouse et d’une visière
  3. Que les masques N-95 soient disponibles en quantité suffisante, et ce, en tout temps
  4. que chaque travailleur et travailleuse de la santé soit testé une fois par semaine. 

Et, afin de stabiliser les équipes de travail

  • tous les postes de PAB (tous les sites)sont transformés en postes à temps plein sur une base volontaire.
  • pour tous les titres d’emplois de la catégorie 2 et 3, aucun poste en rotation et tous les postes sur une seule unité/site

Pour accomplir cela, il faut que l’on procède à trois affichages

  1. pour les postes à temps partiel régulier TPR pour prendre des postes à temps complet dans leur unité
  2. pour les postes TPO – prendre des postes à temps complet dans une unité.
  3. pour les étudiant-es qui vont graduer du programme accéléré de formation PAB – attribution des postes à temps complet restant
  4. tous les affichages subséquents seront sur des postes dans des unités fixes sans rotation et sur un seul site

C’est cette stabilisation du personnel qui est vitale pour limiter la propagation du virus au sein même du CUSM.  Les demi-mesures ne peuvent que rallonger la deuxième vague.

Que fait le gouvernement?

Le gouvernement continue de s’en tenir à sa politique économique qui consiste à se fier au secteur privé pour s’approvisionner en matériel et équipements.  La pandémie nous appris que c’est se placer à haut risque d’être en rupture de stock.

Il faut établir une politique publique pour fabriquer nous-mêmes :

  • Les masques et tous les équipements de protection personnels nécessaires
  • Les écouvillons et les produits réactifs nécessaires aux tests
  • Les appareils de laboratoire et les respirateurs 

Durant la première vague, on a vu des pays interdire ou venir à deux doigts d’interdire les exportations de ces EPI et équipements médicaux.  On a vu des pays détourner à leur seul profit des commandes faites par d’autres pays.  On a vu la jungle impitoyable du libre marché et on a vu à quel point nous sommes à la merci des décision prises par d’autres.  

Au Québec nous avons créé dans les années 60 une compagnie publique de production d’électricité : l’Hydro-Québec qui a été et qui est un formidable moteur de notre économie.  Aujourd’hui nous devons penser à créer une compagnie publique de productions des EPI, équipements de laboratoire et de respirateurs pour ne plus être à la merci des décisions prises par des multinationales ou des pays qui ne se sentent aucune obligation de placer l’intérêt de notre population en haut de leur liste de priorité.

Depuis le début de la pandémie, nous avons l’impression que le gouvernement et l’INSPQ a jonglé entre les critères scientifiques et la gestion de pénurie des EPI pour déterminer les critères qui déterminent QUAND on doit utiliser des N-95 et par QUI.  

Nous avons la même impression en ce qui concerne les politiques de test : QUI ET QUAND DOIT-ON TESTER.   Le manque de produits réactifs, d’équipement le laboratoire et de respirateurs semblent avoir été des facteur déterminants plutôt que les critères scientifiques.

Ça suffit, la « gestion en mode pénurie » ne fait que mettre les gens à risque particulièrement dans le réseau de la santé, Il faut dès maintenant planifier notre autonomie des produits et équipements essentiels.

Il y a un sentiment d’urgence, il faut changer les choses,

Exécutif syndical SECUSM


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